Retraite – Y et pivot, deux générations en rupture avec leurs aïeux face à leur retraite

13 avril 2018

#activités

A la veille d'une nouvelle réforme de notre système de retraites dont l'objectif est d'unifier les 37 régimes existants, Groupama a souhaité interroger en particulier les deux générations les plus impactées par la transformation de notre modèle. Génération Pivot (45-55 ans) et génération Y (25-35 ans) marquent ainsi une rupture avec leurs aïeux, passant d'une retraite " méritée " comme l'aboutissement d'une carrière, à une retraite qu'il faut désormais " anticiper " et dont nos institutions ne semblent plus, à leurs yeux, pouvoir garantir le financement en toute sérénité.

Un changement structurel du concept de retraite

De la fin du 19ème siècle à aujourd’hui, le nombre de retraités pensionnés de plus de 65 ans est passé de 10 à 90%[i]. Une progression, et un acquis social indéniable, qui s’est accompagné de différentes phases de maturation des cotisations-retraites. Si, dans les années 60, l’espérance de vie plus faible faisait écho à une population active quasi en équilibre, désormais, tout le monde s’accorde à dire que la transformation structurelle de notre société ne permet plus au système de fonctionner. Ainsi, pour le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), les systèmes de retraites, tous régimes confondus, ne devrait finalement pas retrouver l’équilibre financier avant le début des années 2 040… au mieux.

Ceci explique sans doute que 63% des personnes interrogées n’ont pas confiance en leur système de retraite, notamment les jeunes de 25-35 ans qui sont 70% à le penser. Un niveau de confiance bas qui s’accompagne, pour ces deux générations les plus touchées par cette transformation, d’une incertitude qui les plonge parfois dans une forme d’immobilisme attentiste.

 

Génération pivot : génération résiliente

Loin de l’image d’Epinal des  » ex soixante huitards «  sereins, proches de leurs petits-enfants et prêt à découvrir le monde… la  » génération pivot  » qui leur a succédé marque une rupture avec ses cousins séniors. Touchés de plein fouet par l’évolution structurelle de la société, ces hyper actifs de 45-55 ans soutiennent financièrement leurs enfants, de plus en plus tard sur le marché du travail, et leurs parents, dont l’espérance de vie ne cesse d’augmenter.

57% des pivots n’ont pas de projet pour leur retraite et près de 40% en ont une perception négative. Ce qui expliquerait peut-être pourquoi ils ne se sont pas encore vraiment penchés sur le sujet.

Ainsi, ils sont 1 français sur 2 de 45-55 ans à ne pas du tout avoir préparé leur retraite. Et seulement 14% à l’avoir préparée d’un simple point de vue administratif. Si les français sont 1 sur 5 à la préparer financièrement, les 50-55 ans, pourtant à moins de 10 ans de leur retraite, ne sont que 26% à l’avoir anticipé en épargnant. Pourtant, ils conviennent, en moyenne, que l’âge idéal pour commencer à épargner serait de 41 ans. Victime d’une nouvelle forme de charge mentale liée, entre autres, au poids de leurs responsabilités, la génération pivot épargne peu. Seul 1/4 a déjà commencé à économiser dont la moitié ne peut épargner plus de 100€ par mois. Génération de l’urgence, la génération pivot place la constitution d’une épargne de précaution en haut de ses priorités (47%). L’épargne retraite arrive quant à elle en seconde position avec 42% du panel.

Quant aux questions clés  » combien ?  » et  » quand ? « , les pivots semblent très majoritairement perdus. Bien que conscients de l’urgence, ils sont 68% à se considérer mal informés sur les démarches à effectuer et 72% à ne pas avoir une vision claire de leur future pension. Enfin, 30% ne connaissent même pas leur date de départ à taux plein.

 

Génération Y : préparée à mener plusieurs vies

A la différence de la génération pivot, les 25-35 ans subissent moins les incertitudes liées à la vie professionnelle, ils sont nés avec ! Instantanéité et flexibilité font partis de leur quotidien. Ils voient plutôt comme une opportunité le fait de vivre plusieurs vies durant leur carrière.

Si la retraite ne fait pas partie de leurs premières préoccupations, elle arrive en 7ème position dans le classement, et ils sont tout de même 12% à avoir déjà commencé à épargner financièrement. Par ailleurs, 1/4 de ces millennials estiment qu’il faudrait commencer à la préparer dès 30 et 35 ans, soit en moyenne plus jeune que les pivots.

Outre le fait d’épargner, c’est le concept même de retraite qu’il conviendrait de repenser. Alors que près de la moitié des 45-55 ans estiment avoir encore confiance dans le système des retraites, ils sont seulement 30% des 25-35 ans à le penser, soit 17 points de moins que les pivots. Ils sont par ailleurs 81% à penser qu’ils ne percevront pas une retraite à la hauteur de leurs attentes et 86% à se considérer mal informés sur les démarches à effectuer, dont le parcours peut leur paraître très complexe.

Pourtant, ce changement n’est pas à considérer comme une fatalité. La génération Y préfère, en quelque sorte, profiter de sa retraite tout au long de sa vie, quand elle est encore en pleine forme. C’est pourquoi elle voit plutôt l’épargne comme un capital  » flexible  » dans lequel elle pourrait piocher. Ainsi, les jeunes privilégient les placements de type produits d’épargne flexibles et moins engageants comme le livret (58%). A noter cependant, l’immobilier qui semble jouer ce rôle d’actif stable qui pourrait être encore là demain. Ainsi, même s’ils ne l’identifient pas comme une épargne  » retraite « , l’achat d’une résidence principale représente le 3ème projet d’épargne chez les 25-35 ans.

Pour les plus jeunes, la vie personnelle est au moins aussi importante que la vie professionnelle. Une leçon qui pourrait inspirer les plus âgés, après tout, pourquoi être inactif pour profiter de sa retraite ? D’ailleurs, 39% des 25-35 ans pensent continuer à travailler après 62 ans.

 

Sondage: Les Français et la retraite

Etude réalisée par Gfk pour Groupama selon la méthode des quotas sur un échantillon représentatif de la population française de 25 à 55 ans auprès de 1 499 français, comprenant deux cibles prioritaires:

  • Echantillon principal: 999 interviews
  • Boost 25-35 ans: 250 interviews
  • Boost 35-55 ans: 250 interviews

 

[i] Evolution de l’image des personnes âgées au cours du XXe siècle, HISTOIRE DES SCIENCES MÉDICALES – TOME XXXV – № 1 – 2001 Philippe ALBOU

CP Sondage Groupama Gfk - Les Français et la Retraite

Infographie Sondage Groupama GFK - Les Français et la Retraite

Rapport Sondage Groupama Gfk - Les Français et la Retraite